Métiers multimédia : vers la fin de la confusion ?
Le mardi 18 février 2003
Présenté pour la première fois en octobre 2002 au Sommet mondial de l’internet et du multimédia de Montreux, le projet NAME établit un référentiel complet des métiers du multimédia à l’échelle européenne. Un concept d’harmonisation qui séduit d’ores et déjà hors de nos frontières.
Lancée à l’initiative de l’association bordelaise Aquitaine Multimédia et financée par la Commission européenne dans le cadre du programme Leonardo Da Vinci, cette étude baptisée Name (Nomenclature analytique du multimédia européen), est le résultat d’une enquête de grande envergure réalisée sur deux ans, à travers onze pays européens, dans neuf langues, et auprès de 650 entreprises ou organisations professionnelles du domaine multimédia.
« Au cours de l’étude », explique Hervé Lhoumeau, chef du projet Name, « nous avons réalisé que, selon le pays, à une même appellation de poste pouvaient correspondre des tâches strictement différentes ». A l’inverse, une même tâche peut être effectuée par plusieurs métiers.
La conception d’interface interactive peut, par exemple, être une tâche effectuée tant par un chef de projet qu’un directeur artistique ou un intégrateur multimédia. D’où la nécessité de définir clairement une nouvelle nomenclature pour parvenir à une rationalisation efficace des compétences.
Afin de parvenir à une meilleure cohérence dans le secteur, le projet définit un référentiel répertoriant 26 métiers multimédia, répartis en 7 familles : celles de la conception d’une part (conduite de projet, scénarisation, conception et réalisation graphique, développement) et celle de l’exploitation d’autre part (administration de site, webmarketing…).
A ces 26 métiers correspondent 96 tâches opérationnelles, présentées sous forme de grille indiquant à la fois leur pertinence et leur récurrence en fonction de chaque poste. Un travail long et minutieux– 20 000 heures de travail-, tant sur le plan linguistique que logistique.
Le recueil des données s’est effectué en plusieurs étapes : à travers une série d’entretiens directs avec les entreprises, menés dans chaque pays par les associations professionnelles partenaires du projet, puis à l’aide d’un outil comparatif online permettant aux entreprises adhérentes, après avoir préalablement rempli un questionnaire d’enquête, d’entrer des compléments d’informations, de se comparer soit avec le référentiel, soit avec d’autres entreprises ayant la même activité, et par la même occasion d’actualiser le référentiel.
Un enjeu essentiel : la formation
En établissant une nomenclature commune précise des métiers et des compétences, Name permet aux entreprises et à leurs salariés une identification immédiate des tâches et qualifications correspondant à leur poste et leur reconnaissance en termes de recrutement et de rémunération notamment. Le référentiel peut en effet servir de base à des négociations de conventions collectives.
Mais, «en amont, ce sont les organismes de formation qui devraient bénéficier plus encore du référentiel, en leur permettant d’orienter et de fixer le contenu de leurs formations, et il est prévu à terme de développer un outil d’auto-évaluation des compétences que les universités et centres de formation pourront fournir à leurs étudiants » précise Hervé Lhoumeau. L’homogénéisation des diplômes et qualifications obtenus favorisera également la mobilité professionnelle au sein de l’Europe.
Le consortium Name envisage à présent d’élargir son champ d’autres branches d’activité du multimédia: « La méthode d’investigation et de collecte des informations est désormais rôdée. Seuls de petits ajustements techniques seront maintenant nécessaires à l’actualisation du référentiel. Le modèle est transposable à d’autres secteurs que la production multimédia pure. »
Ainsi, Name a déjà été sollicité par d’autres associations professionnelles pour la publication dès 2004 d’un « référentiel des métiers de l’usage du multimédia ». Après les métiers producteurs, les métiers consommateurs de multimédia.
En outre, une trentaine de pays adhérents de la FIAM –Fédération internationale des associations du multimédia- dont la Chine, le Sénégal, et certains pays d’Amérique latine, s’est montrée intéressée par l’adoption du concept.
Prochain rendez-vous : le Sommet mondial sur la société de l’Information à Genève en décembre 2003.
Exemples :
Le cas du webmaster
« Le métier de webmaster reste une fonction particulièrement floue », indique Hervé Lhoumeau. «Contrairement aux autres métiers répertoriés dans le référentiel, il ne nous a pas été possible d’établir de tâche dominante pour ce poste, dont les fonctions peuvent varier à l’extrême, de la création graphique à la rédaction de contenus en passant par l’intégration ».
Homogénéisation des appellations
Pour d’autres métiers, le projet s’est attaché à regrouper sous une même appellation des dénominations différentes désignant des postes en réalité très similaires. C'est le cas, en autre, du Chef de projet, en anglais à la fois les termes de « project manager » et « producer » ont été fusionnés en seul « project manager ».
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